Anne SYLVESTRE nous a quitté.es.
Avec son départ, c’est notre jeunesse et notre engagement féministe qui pleurent, ainsi que l’enfance de nos enfants.
Anne SYLVESTRE a été, dans les années soixante, une des toutes premières artistes à chanter ses propres textes. C’étaient ceux d’une jeune femme sortie d’une enfance dans la guerre ; d’une jeune femme qui cherchait déjà à s’ébrouer du destin tout tracé promis alors aux femmes.
Avec les années soixante-dix, elle va passer la vitesse supérieure dans l’engagement féministe, qui traversera désormais tout sa carrière : elle va, avant l’heure, clamer en chansons sa révolte, la nôtre, contre le viol, la domination patriarcale et religieuse, et plaidoyer pour l’IVG, l’égalité dans l’éducation, la place des femmes et leur reconnaissance, en chantant tant leur force que leurs douleurs.
Entre humour plus ou moins vache et revendiqué tel et mélancolie d’une émancipation des femmes jamais achevée, plus rien n’arrêtera son « chemin de mots » pour dire. Dire nos rêves à toutes d’un monde d’égalité et de responsabilité.
Et puis, ses fabulettes et autres comptines ont accompagné les mercredis de nos enfants et accompagnent à présent les trajets en voiture de nos petits-enfants.
Bon voyage à toi, Anne, notre « sorcière comme les autres ». Merci à toi d’avoir donné des mots à nos vies de jeunes femmes en cours d’envol, d’avoir transmis à nos vies de femmes mûres l’engagement qui te restait chevillé au corps.
Merci, Anne