Renée Broustal n’est plus. Et toutes celles et ceux qui ont eu le privilège de la connaître se retrouvent dans une même tristesse parce nous ne savons pas nous habituer à la disparition de ceux que nous aimons.
Grande figure du féminisme politique militant, très brillante intellectuellement, Renée entre très tôt dans l’Administration des Ponts et Chaussées, puis à la Direction Régionale du Contrôle des Prix. En 1947 elle est reçue au premier concours ouvert aux femmes.
J’ai rencontrée Renée en 1966 au Mouvement Démocratique Féminin, ce vivier de la pensée féministe politique où Colette Audry m’avait fait adhérer.
C’est ensemble que nous avons entrainé un grand nombre des adhérentes du Mouvement Démocratique Féminin au Parti Socialiste, lors de son renouveau en 1971.
C’est chez Renée que nous nous retrouvions avec Colette à chaque fois que le PS tenait à Nantes ses congrès. Là j’ai connu son merveilleux mari et ses superbes petits garçons, tous militants. Et je ne compte plus mes visites dans cette ville si vivante, d’abord du temps de Alain Chenard, puis celui de Jean Marc Ayrault.
Renée, tout comme Colette Audry, tout comme Jean Marc Ayrault appartenait au courant de Jean Poperen, ce qui ne manquait pas de provoquer parfois des échanges très vifs entre nous, mais qui n’a jamais altéré l’amitié qui nous unissait.
Il y eu le temps des années 70 pleines d’enthousiasme, quand nous construisions ce Parti – que nous voulions parfait – autour de François Mitterrand. Puis ce furent les années 80 et ce que nous appelions le temps du passage à l’acte. Très naturellement je nommais Renée déléguée de sa région au Droit des Femmes dès 1981. Ensuite ce fut la création de la maison de Simone de Beauvoir dont Renée fut Présidente et que j’ai naturellement inaugurée.
Plus tard Renée eut la douleur de perdre un de ses fils dans des circonstances particulièrement tragiques et je me souviens des mots qu’elle eut pour m’annoncer sa disparition : «Tu ne verras plus jamais le petit Chinois». C’était le surnom affectueux que je lui avais donné un jour où, à table, il n’avait cessé de commencer toutes ses phrases par « Mao Tsé-Tung a dit »..C’était le temps où le maoïsme faisait fureur parmi nos jeunes.
Renée fut une des premières femmes à s’engager dans une carrière dite « masculine » où elle excellait.
Comment a-t-elle réussi à conduire en même temps une carrière, une famille, des activités politiques, syndicales ou encore feministes ? Son engagement au sein du Planning Familial date de 1970. Je lui avais un jour posé la question – question idiote que l’on pose toujours aux femmes et jamais à un homme – pour découvrir qu’elle ne se l’était jamais posée.
Je souhaite très sincèrement que la ville de Nantes trouve une rue, une place, un Centre, un lieu qui perpétue sa mémoire.
Les femmes comme Renée Broustal sont trop rares pour être oubliées.
Adieu – ou au revoir Chère Renée – toi qui fut un tel exemple pour toutes les féministes de gauche.
Yvette Roudy, le 25 Juillet 2012.