Depuis 25 ans, la sociologue franco-turque, Pınar Selek, subit une persécution politico-judiciaire de l’état turc pour ses publications sur les Kurdes, les Alévis et ses engagements politiques aux côtés des plus démuni·e·s dont la communauté LGBT. Pınar Selek est plus que lasse de ces procès à répétition qui bafouent ses droits humains dans une totale indifférence internationale. En 1998, elle a été accusée de terrorisme pour l’explosion d’une bombe dans un marché d’Istanbul et a été emprisonnée 2 ans et demi durant lesquels elle a été torturée pour qu’elle livre des noms aux autorités turques.
Les enquêtes ont pu démontrer l’explosion accidentelle d’une bonbonne de gaz. Son innocence a été rétablie à quatre reprises par les tribunaux turcs. Néanmoins, la cour suprême de Turquie a annulé le dernier acquittement du 19 décembre 2014 et a lancé un mandat d’arrêt international à l’encontre de la sociologue. Aujourd’hui, elle risque la prison à perpétuité et craint pour sa vie. Une fois de plus, l’état turc se moque des droits les plus élémentaires et de telles mesures sont particulièrement graves par leur portée et leurs conséquences.
Ces actions sont prises dans un contexte de restriction des libertés et de multiplication des violences par le pouvoir turc contre l’ensemble des minorités et des opposants politiques, en particulier contre les Kurdes, que ce soit en Turquie ou dans d’autres pays. Cet état totalitaire persiste à appliquer sa politique répressive, ses purges, ses violences faites aux femmes, son ingérence dans les affaires judiciaires et ses arrestations arbitraires. Les élections prochaines en Turquie sont propices à toutes les diversions politiques et à toutes les manipulations. Une prochaine audience doit se dérouler à Istanbul, le 31 mars 2023, où une délégation internationale sera présente pour exiger l’annulation de ce procès ubuesque.
Les collectifs de solidarité avec Pınar Selek se refusent à ce que l’écrivaine et sociologue soit une fois de plus l’otage d’une politique inique qui se traduit par une véritable farce judiciaire. Ils récusent l’idée également qu’elle soit la victime collatérale de la politique de complaisance des pays européens à l’égard du régime autoritaire et liberticide qui sévit en Turquie.
L’Assemblée des femmes réclame un soutien de tout·e·s les parlementaires et responsables politiques et exige du gouvernement français, sécurité et protection auprès de l’une de ses compatriotes.
En outre, l’Assemblée des femmes sollicite auprès du Président de la République son soutien ferme et inconditionnel auprès de la sociologue, Pınar Selek, ainsi qu’une protestation officielle auprès du pouvoir turc sur sa politique liberticide.
Coordination européenne des collectifs de solidarité avec Pınar Selek
Laurence Dionigi
[Mise à Jour du 11/04/2023] : Le procès, suivi par une forte délégation française à Istanbul, a été ajourné et reporté à septembre