Le 31 mars nous avons organisé une conférence, en partenariat avec Le mouvement du Nid et Osez le féminisme !, et avec le soutien de Mannheim gegen SexKauf, pour faire le point six ans après l’adoption de la loi visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées. Nous avons rappelé les enjeux féministes de cette loi notamment portée par Maud Olivier et Laurence Rossignol.
Retrouvez les extraits de la conférence en vidéo !
Céline Piques a mis en évidence les liens entre la porno-criminalité et la prostitution, un sujet qu’Osez le féminisme ! est en train de faire émerger. Nous retrouvons les mêmes mécanismes de rabattage, de dénigrement, d’humiliation, de violence et de viol des femmes et des mineur·es. Par ailleurs, Céline Piques vient de sortir un livre que nous vous recommandons Déviriliser le monde, demain sera féministe.
Laurence Rossignol a elle aussi mis en avant la nécessaire convergence des luttes contre la pornographie et le système prostitutionnel. Comme sénatrice, elle travaille actuellement avec la Délégation des Droits des femmes du Sénat à un rapport sur la pornographie.
Maud Olivier, qui était rapporteure de la loi, a exposé les enjeux et les mécanismes du texte.
La loi de 2016 fonctionne quand elle est appliquée. Les pouvoirs publics ont choisi de ne pas la porter et elle est malheureusement fort peu appliquée. Encore une fois, les féministes qui sont pourtant de courageuses visionnaires, se battent trop seules, et ne trouvent pas souvent les relais auprès de l’État. Alors que nous sommes dans une époque qui reconnaît enfin l’ampleur des crimes sexuels et l’impunité des agresseurs, grâce à MeToo, cette conférence a mis en lumière un double paradoxe : les violence sexuelles contre les filles et les femmes ne faiblissent pas et la culture du viol est plus installée chez les jeunes, que chez leur aînés. Car les jeunes consomment, très tôt et en masse, de la pornographie. Elle leur fournit des scénarios de violences sexuelles, qui conduisent à une addiction à la violence et à une banalisation de la haine des femmes. La pornographie a donc un impact gravissime sur nos sexualités et sur les relations entre les garçons et les filles. Or la société se cache les yeux sur cette réalité, tout comme elle se désintéresse dans son ensemble du sort des personnes prostituées. De plus, les offensives contre la loi de 2016 sont répétées et les mentalités sont lentes à bouger.
Elodie Pelissier a rappelé le travail d’accompagnement des personnes prostituées porté par Le Mouvement du Nid.