La revanche des misogynes: la robe de Cecile, la coupe d'Audrey et la Une de l'Express
Texte de Laurence Rossignol publié le 18 juillet sur son blog "Ca va mieux en le disant!"
"Pom..Pom…Pom.. Gouvernement paritaire, assemblée nationale féminisée, loi sur le harcèlement sexuel..Depuis le 6 mai, l'air semblait plus léger, moins chargé en testostérone. On pensait pouvoir vaquer tranquilles à nos occupations: être jugées, critiquées, supportées pour notre travail, nos compétences et nos incompétences. Bref, être traitées comme des mecs, ni mieux, ni plus mal.
C'était bon mais ce fut court.
Trois faits, apparemment indépendants, sont venus nous rappeler qu'on ne s'émancipe pas impunément de sa condition : la robe de Cecile Duflot, la coupe de cheveux d'Audrey Pulvar et la couverture de l'Express.
La robe de l'une a déclenché la beaufferie des députés UMP, la coiffure de l'autre a fait le buzz. Ce ne sont pas des marqueurs anodins. Ils incarnent la féminité. La robe de Cecile Duflot, vaguement années 60, rappelle cette période bénie où les femmes étaient sexys et soumises. Les cheveux sont le symbole de la tentation, cet attribut que les religions monothéistes ont de touts temps voulu cacher, raser, voiler.
Le message est clair : femmes, si vous voulez bosser en paix, faites oublier que vous êtes des femmes. Si vous voulez être écoutées, soyez asexuées.
La portée est double : déshumaniser celles qui sont en situation et dissuader celles qui penseraient à le devenir.
Mais la palme de la journée revient assurément à l'Express et son Directeur de Rédaction. La couverture de ce magazine, consacrée au "poison de la jalousie" met côte à côte Ségolène Royal et Valerie Trierweiler. La première est ramenée, sans plus d'égard, à une simple illustration des passions d'alcôve. Quant à la seconde quoiqu'elle fasse, quoiqu'elle dise, il n'y aura pas prescription.
Le mot "poison" n'est pas là par hasard. Il est l'arme des femmes et évoque les complots et les arrières cuisines des coucheries de la cour et du pouvoir.
La même couverture nous promet un article sur la jalousie en politique avec Valerie, Cecilia, Bernadette et les autres. Histoire de bien enfoncer le clou : la jalousie est l'affaire des femmes, sous entendu de toutes les femmes, et elle fait d'elles des empoisonneuses, emmerdeuses et potentiellement meurtrières. La polysémie est trop tentante.
Que plus de 300 femmes meurent par an, victimes des coups de leur compagnon , le plus souvent déchainé par une jalousie incontrôlable, ne suffit pas à déconstruire des représentations séculaires.
La couverture de l'Express, animée par une misogynie décomplexée, est juste indigne et insultante.
Ces trois faits, la robe de Cecile, la coiffure d'Audrey et la Une de l'Express, signifient simplement que le backlash, la revanche, est à l'oeuvre et que pour les femmes, toute avancée se paye cash et dans la violence. Ne laissons rien passer, car on ne nous laisse rien passer. "
C'était bon mais ce fut court.
Trois faits, apparemment indépendants, sont venus nous rappeler qu'on ne s'émancipe pas impunément de sa condition : la robe de Cecile Duflot, la coupe de cheveux d'Audrey Pulvar et la couverture de l'Express.
La robe de l'une a déclenché la beaufferie des députés UMP, la coiffure de l'autre a fait le buzz. Ce ne sont pas des marqueurs anodins. Ils incarnent la féminité. La robe de Cecile Duflot, vaguement années 60, rappelle cette période bénie où les femmes étaient sexys et soumises. Les cheveux sont le symbole de la tentation, cet attribut que les religions monothéistes ont de touts temps voulu cacher, raser, voiler.
Le message est clair : femmes, si vous voulez bosser en paix, faites oublier que vous êtes des femmes. Si vous voulez être écoutées, soyez asexuées.
La portée est double : déshumaniser celles qui sont en situation et dissuader celles qui penseraient à le devenir.
Mais la palme de la journée revient assurément à l'Express et son Directeur de Rédaction. La couverture de ce magazine, consacrée au "poison de la jalousie" met côte à côte Ségolène Royal et Valerie Trierweiler. La première est ramenée, sans plus d'égard, à une simple illustration des passions d'alcôve. Quant à la seconde quoiqu'elle fasse, quoiqu'elle dise, il n'y aura pas prescription.
Le mot "poison" n'est pas là par hasard. Il est l'arme des femmes et évoque les complots et les arrières cuisines des coucheries de la cour et du pouvoir.
La même couverture nous promet un article sur la jalousie en politique avec Valerie, Cecilia, Bernadette et les autres. Histoire de bien enfoncer le clou : la jalousie est l'affaire des femmes, sous entendu de toutes les femmes, et elle fait d'elles des empoisonneuses, emmerdeuses et potentiellement meurtrières. La polysémie est trop tentante.
Que plus de 300 femmes meurent par an, victimes des coups de leur compagnon , le plus souvent déchainé par une jalousie incontrôlable, ne suffit pas à déconstruire des représentations séculaires.
La couverture de l'Express, animée par une misogynie décomplexée, est juste indigne et insultante.
Ces trois faits, la robe de Cecile, la coiffure d'Audrey et la Une de l'Express, signifient simplement que le backlash, la revanche, est à l'oeuvre et que pour les femmes, toute avancée se paye cash et dans la violence. Ne laissons rien passer, car on ne nous laisse rien passer. "