Il y a 4 ans était promulguée la loi d’abolition de la prostitution. Depuis, sa mise en œuvre s’est heurtée a été heurtée par une détermination politique insuffisante et un manque de moyens dans l’accompagnement des victimes du système prostitutionnel, ainsi qu’une inégale prise en charge dans les territoires.
L’urgence sanitaire et sociale est le quotidien des personnes prostituées. En aucun cas le confinement ne doit retarder leur mise en sécurité.
C’est la raison pour laquelle l’Assemblée des Femmes appelle les pouvoirs publics à prendre dès maintenant toutes les mesures nécessaires pour organiser l’accompagnement de sortie de la prostitution de toutes les victimes du système prostitutionnel. La prostitution est toujours une situation d’asservissement : son abolition est corrélée au respect de la dignité humaine.
Communiqué – 14 avril 2020
Le confinement ne doit pas retarder la mise en sécurité des personnes prostituées
Il y a 4 ans, le vote de la loi de lutte contre le système prostitutionnel du 13 avril 2016, actait que
la prostitution constitue une violence faite aux femmes, un obstacle à l’égalité, une atteinte à la
dignité humaine et ouvrait de nouveaux droits pour les personnes prostituées. Or cette loi est
toujours peu et mal appliquée sur tout le territoire.
L’Assemblée des Femmes s’inquiète de la situation très difficile et de la précarité dans laquelle se
trouvent les personnes prostituées. En majorité étrangères, souvent la proie de réseaux de trafic
d’êtres humains, elles sont victimes de tous les facteurs inhérents à l’activité prostitutionnelle et en
particulier de la violence.
L’Assemblée des Femmes condamne fermement à ce sujet l’appellation de « travailleuses du
sexe » utilisée à dessein par celles et ceux qui veulent ériger l’achat d’acte sexuel en activité
économique et régulièrement relayée dans les médias. La sauvegarde de la dignité de la personne
humaine contre toute forme d’asservissement et de dégradation est un principe à valeur
constitutionnelle. La prostitution est un acte de contrainte économique ; c’est toujours une
situation d’asservissement, jamais un travail.
L’Assemblée des Femmes salue l’accompagnement apporté par les associations de terrain, qui
maintiennent aides et contacts auprès des victimes de la prostitution, autant que faire se peut,
malgré le confinement et leur peu de moyens. Mais il apparaît évident que seul un revenu de base
d’un montant égal au seuil de pauvreté permettrait de répondre aux besoins vitaux urgents de
tous et toutes.
La baisse du nombre de clients soulignée par les médias dans le contexte du confinement nous
interroge sur ce soi-disant besoin irrépressible des hommes d’assouvir leurs pulsions sexuelles, si
souvent avancé pour justifier l’achat d’actes sexuels ! Tirons-en les conclusions pour faire évoluer
les mentalités et comportements. Et pour les clients qui veulent quand même faire prendre des
risques à une personne prostituée, qui la mettent en danger, appliquons la loi : solliciter ou
obtenir des relations de nature sexuelle d’une personne qui se livre à la prostitution est puni
d’une amende de 1500 €.
L’Assemblée des Femmes regrette en particulier que le gouvernement n’ait pas, à ce jour, pris
toutes les mesures nécessaires pour organiser l’accompagnement de sortie de la prostitution,
avec la mise en place partout sur le territoire, des commissions départementales et le suivi de leur
fonctionnement, tel que prévu par la loi, élément-clé pour répondre à la situation dramatique que
vivent les personnes prostituées. Mener les actions nécessaires pour lutter contre ce fléau qu’est
la prostitution doit faire partie des priorités de notre gouvernement. Sans plus attendre.
Laurence ROSSIGNOL
Présidente de l’Assemblée des femmes
Maud OLIVIER
Rapporteure de la loi visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les
personnes prostituées
Contact presse : Yseline FOURTIC-DUTARDE // 06 59 39 14 84