Le sous-titre de l’ouvrage est celui-ci : « séduire les femmes pour s’apprécier entre hommes ». Il illustre le sens profond que les plus mâles d’entre les hommes recherchent, dans le fond, lorsqu’ils entreprennent la séduction. Sous couvert d’apprendre à séduire les femmes, l’objectif principal et final est celui d’un entre-soi viril voire viriliste.
L’auteure est anthropologue. Comme tout un chacun, elle entend la plainte de ces hommes qui déplorent la « crise de la masculinité », un paradis perdu de la virilité triomphante, détruite par les féministes. Il s’agit donc pour elle de se faire une idée scientifique de la réalité de cette crise masculine. Pour ce faire, elle engage une longue série d’entretiens avec les différents membres de la « communauté de la séduction ». Les uns viennent d’y entrer et ont tout à apprendre, quand d’autres sont devenus les formateurs et dirigeants de cette confrérie.
Alors, certes, il s’agit tout d’abord d’apprendre des techniques visant à séduire les femmes, à ne plus se prendre des râteaux comme diraient les ados ! Mais très vite, cet objectif est dépassé : il s’agit tout d’abord de se venger des féministes et même des femmes en général. Se venger de leur pouvoir irrésistible de séduction, et pour ces hommes, de reprendre la main sur les rapports femmes/hommes, d’en être les maîtres. Plus l’apprentissage se poursuit, plus l’étude s’approfondit, et plus émerge que le véritable enjeu ce n’est plus tant les femmes ou la séduction qu’une appropriation par ces acteurs de la mâle attitude : celle qui rassure chacun d’eux sur sa virilité, d’abord, mais aussi, celle qui permet au groupe d’affirmer sa supériorité sur les hommes « normaux », c’est-à-dire en fait de les mépriser, ces pauvres types qui se contentent voire acceptent ou aspirent à des relations égalitaires avec les femmes.
Edifiant, vous dis-je !
Claire DONZEL