Lucile PEYTAVIN, est historienne, spécialiste du travail des femmes dans l’artisanat et le commerce. Le titre de son essai dit déjà tout : Elle remarque que la population carcérale est composée à 96,3% d’hommes. Et cela a un coût : la transgression à laquelle sont éduqués et habitués, voire encouragés, les éléments masculins depuis leur tendre enfance et les conduites à risque qu’ils adoptent, engendrent pour leurs victimes d’abord mais aussi pour toute la société des coûts en matière de police, de justice, d’ordre public, d’assurances, etc. Le montant en est colossal, il est évalué à 95,2 milliards d’euros par an, soit plus d’un tiers des recettes nettes perçues par l’Etat.
Si c’est le coût de la virilité telle qu’apprise aux et par les garçons, il n’est pourtant pas une fatalité. C’est un modèle qui a façonné l’humanité et ses sociétés depuis des millénaires. Il est transmis par l’éducation différenciée entre filles et garçons. Elles sont incitées à l’obéissance et l’altruisme. Ils sont encouragés à l’audace et le risque. La transgression leur est tolérée, car elle est la preuve que ce sont de vrais petits mâles. A l’arrivée, le coût collectif en est énorme.
Mais si la moitié de l’humanité (les filles) est éduquée à respecter les règles sociales, pourquoi ne pas entraîner l’autre moitié (les garçons) à le faire également ? voilà la problématique que pose l’autrice en révélant, chiffres et formules mathématiques à l’appui, le coût final exorbitant et l’impasse collective où ce choix de la virilité mène.
Cet essai est aussi facile à lire qu’il est passionnant. Il fait à mon sens partie des ouvrages féministes de l’année. Vous ne regretterez pas vos 17,50€, auxquels ajouter cependant le prix d’un ou deux surligneurs !
Claire DONZEL