(Extrait de la newsletter de l’Assemblée des Femmes – janvier 2024)
Je l’attends avec impatience, le grand plan du réarmement démographique.
J’imagine déjà le gentil courrier de l’Assurance Maladie :
« Madame, vous avez 25 ans, c’est le moment idéal pour être fécondée par votre partenaire. Nous vous proposons de réaliser votre bilan de fertilité, pris en charge à 100 % sans avance de frais. Nous vous offrons également un suivi gratuit et personnalisé : calendrier des ovulations, conseil en coït, ainsi que la liste des partenaires aptes à la fécondation près de chez vous (liste agréée par le ministère de la Fertilité).
Avec toute ma gratitude et restant à votre disposition pour vos questions.
Dr Guettautrou, Médecin Expert »
J’imagine le jeune couple qui se découvre biologiquement apte à la parentalité, ce couple amoureux qui n’attendait que la bénédiction de l’État, qui court, qui fonce, un bébé si je veux quand je veux, mais surtout si et quand notre Président le veut !
Et puis… la vie. Elle, elle perd 30 % de ses revenus à l’arrivée de son premier enfant (Observatoire de l’émancipation économique des femmes). Parce qu’il n’y a pas de place en crèche (il en manque 230 000 pour répondre aux besoins immédiats), parce que les congés enfant malade sont la plupart du temps pris par les femmes, parce que les promotions c’est plutôt pour les autres, les hommes stériles avec leurs épouses ménopausées de préférence.
Et puis… la vie, encore. Son enfant est porteur de handicap, et comme des milliers d’autres enfants il n’a pas d’AESH à la rentrée (23 % des enfants concernés n’ont aucune heure de scolarisation par semaine, selon l’Unapei).
Et puis, la vie, toujours. Victime de violences conjugales, la jeune mère se sépare de son mari, et perd ainsi 20 % de son niveau de vie.
Et puis, la vie, encore et toujours. Le mari éconduit et violent finit par tuer l’ex-femme et l’enfant, qui rejoignent ainsi la cohorte des féminicides (102 en 2023, d’après le collectif Féminicides par compagnons ou ex) et des infanticides (68 en 2023).
La vie…
Alors, des bébés pour la France, quand ce pays n’est déjà pas capable de protéger les mères et les enfants ? Et encore, je ne parle même pas des quelques 10000 enfants mineurs confiés à l’ASE, placés en hôtel social faute de place et d’accompagnement. Ni de ces milliers de familles qui risqueraient de se voir privées d’allocations familiales parce qu’elles ne résident pas en France depuis plus de cinq ans. Parce que des enfants pour la patrie, oui, mais des bien de chez nous si possible hein ! Et puis des pas trop amochés pas trop handicapés, parce que ça va être compliqué.
Finalement, avant de vouloir fournir des enfants à la patrie, si on s’occupait d’abord de donner une patrie aux enfants ?
Et vous, êtes vous prêtes pour le réarmement démographique ?
Florence FORTIN-BRAUD – Aide-soignante, autrice et fomatrice